C'était sur une étagère dans la salle d'attente, ou au-dessus d'un meuble – sans doute pour me calmer, car j'étais terrorisé, il m'en approcha un – le Docteur, vêtu d'une blouse blanche, – "On va t'en mettre un tout neuf, comme ça".Et dix ans passèrent comme ça dans la farine dans le talc dans l'étouffement d'une partie de moi-même. Je ne savais pas si c'était en chair ou en plastique, ou si c'était la chair d'un autre qu'on m'avait mise. C'est là alors que petit à petit j'ai appris la honte, la peur de regarder certaines choses en face, la peur d'avoir à avouer le handicap, d'avoir à découvrir toute l'ampleur du handicap.
Adolescent, cela se traduisait pour moi par la quasi certitude que j'étais inapte à procréer. C'est ainsi que je vivais et que j'étouffais ce terrible sentiment de castration. En fanfaronnant aussi parfois.
Bien plus tard, je criai ce mot à travers les collines pour pouvoir m'en débarrasser.
feuille de papier retrouvée en déménageant
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