vendredi 10 juillet 2015

sentier

Vous avez photographié à vos pieds ce sentier pavé de Rhodes sur lequel vous marchiez. Et me l'avez envoyé. C'est une tourterelle qui m'a réveillé ce matin — peut-être parce qu'elle est blanche et que vous avez nom Noëlle, comme la neige — d'habitude ce sont plutôt les merles (noirs !), ou les martinets, les hirondelles, ou les cigales, ou d'autres encore, cela dépend de l'heure, ou des jours, ou de mes rêves qui m'ont accompagné jusque là, qui m'ont posé sur la rive et me laissent me retourner dans le son des choses de la nuit et du jour encore mêlés, les yeux fermés. Pendant que je suis encore le chemin de votre photo.
J'écoute, j'écoute repartir tout cela dans le clos de la nuit, je tends la main vers mon crayon tandis qu'un bruit de chantier monte de la rue. Je n'ai pas encore envie de m'éveiller totalement, il faut rêver pour que les choses se disent, il faut rêver pour être dans la vie. Hier soir j'ai écouté Médiapart, les économistes, les juristes, les historiens, les journalistes quand ils glissent un peu malgré eux dans le rêve, qu'ils se rapprochent de la vie. Ce n'est pas encore très perceptible. Il ne faut pas confondre le rêve avec les vues de l'esprit, avec les calculs et le délire de la raison.  Voici que là, après cette consultation du peuple grec, les médias commencent à apparaître comme un chemin, un chemin de rencontre, un chemin qui se partage, qui s'emprunte, qui se foule. Je me réveille, dans mon corps encore chaud, comme un oiseau dans le nid. J'ai encore beaucoup à faire aujourd'hui. Peut-être irai-je en Grèce, ou peut-être vous, prendre des photos, semer de l'argent, semer des rêves et des mégots sur les pavés.

photo de Noëlle Combet

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