dimanche 4 novembre 2018

l'alchimiste

Vous lisez dans le silence de la maison, dans le roulement assourdi du train, dans la rumeur de la ville, ou celle de la mer... et ce sont d'autres bruits auxquels vous avez ouvert la page. Chaque livre donne à entendre rumeurs et roulements, silences qui sont les siens. Les sons d'un livre sont l’œuvre de ses mots. Ce ne sont pas des sons reproduits, des sons enregistrés. L’œuvre des mots est une alchimie. Elle prolonge celle de l'unité des corps, des matières et du temps : une alchimie comme les savants la rêvaient, comme les artistes, les écrivains, les rêveurs, et tout un chacun la réalise lorsqu'il est dans l'abandon du vivre ou du créer.
Ainsi, Tal-Coat la peint, en transhumance.
Ainsi, à la Havane avec Andres, je vois la vie faire corps avec la ville, l'expérience et la matière, elles ne sont pas dissociables. Le livre s'appelle "Avenida 20 de Mayo", c'est un roman de Dominique Eclercy :

"La rue ressemble à un animal qui se desquame par plaques, attendant vainement qu’une seconde peau vienne à bout de sa mue perpétuelle." (p13)

"Je suis venu à La Havane dans l’idée que les couleurs violentes, le ciel, l’éloignement parviendraient à ressusciter mes yeux, à les laver, à les débarrasser de leur couche d’habitude, de ce voile gris qui les a recouverts au fil des années. Mais ce que j'observe depuis mon balcon ne correspond en rien à ce que j'attendais." (p23)

"Un camion vient de tourner dans une petite rue à droite, il transporte quelques beaux cochons à la chair très rose, fendus par le milieu, de la tête à la queue, de la viande qui semble douce et molle, tendre, des animaux morts qui paraissent presque vivants." (p11)


Dominique Eclercy, Avenida 20 de Mayo, Gaspard Nocturne, 2018
Tal-Coat, l'alchimiste, 2016 : https://slash-paris.com/evenements/pierre-tal-coat-lalchimiste

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